Le 21 juillet 1969, Neil Armstrong posa le pied sur la Lune.
À l’époque, le programme Apollo ne faisait pas l’unanimité. Certains voyaient cette course spatiale comme une diversion pour le mouvement des droits civiques.
Aujourd’hui, Mars est dans le viseur.
Il y a fort à parier que ma génération assistera à ce jour historique où l'Homme deviendra une espèce multiplanétaire. Comme un air de déjà-vu, cette perspective ne séduit pas tout le monde.
La question se pose donc :
→ Pourquoi aller sur Mars ?
Pourquoi consentir à cet effort ?
Pourquoi dépenser autant d’argent ?
Pourquoi risquer des vies humaines ?
Selon Elon Musk, l'un des acteurs majeurs de cette conquête martienne, un futur qui n'inclut pas l'exploration des étoiles serait incroyablement déprimant. Cet argument n'apaisera probablement pas les sceptiques.
Aujourd'hui, j'aimerais vous présenter une autre perspective, celle de Robert Zubrin. Si la planète rouge avait un visage humain, ce serait le sien.
Robert Zubrin est sans doute le plus grand expert du sujet. Ingénieur et spécialiste en systèmes de propulsion spatiale, il a fondé The Mars Society, une organisation internationale promouvant l'exploration de Mars.
Il est passionné. Il a dédié sa vie à Mars. Et il a des choses à nous dire.
Une recherche rapide sur Google donne ce résultat :
En 1996, il a théorisé un plan pour aller sur Mars avec les technologies de l'époque, qu’il a ensuite revisité en 2011 puis en 2019. J'ai lu "The Case for Space", dans lequel il propose un plan pour pousser plus loin notre aventure spatiale.
Dans ce livre, il répond également à la question “Why Mars?”.
Dans cette première curiosité, je vais essayer de résumer les motivations qui pourraient nous pousser à relever ce qui sera peut-être le plus grand défi du XXIe siècle.
Nous explorerons trois aspects :
- Pour la science
- Pour le challenge
- Pour le futur
Pour la science
Dr. Joel Levine était en charge du comité de la NASA pour répondre à la question “Why Mars?”. Dans son TED Talk, il raconte qu’ils ont trouvé près de 150 raisons scientifiques d’y aller.
Concentrons-nous sur une seule.
L'une des questions que l'Homme se pose depuis toujours est :
→ Sommes-nous seuls dans l’univers ?
La vie, telle que nous la connaissons, nécessite de l'eau liquide pour se développer.
Il y a de l’eau sur Mars. Cela a été confirmé par Spirit, Opportunity et Curiosity (rapport ici). L'essentiel de l'eau connue est emprisonné dans la cryosphère (pergélisol et calottes polaires), sous forme de glace.
S’il est difficile de trouver de l'eau liquide à la surface de Mars, il est généralement admis que Mars a possédé de grandes quantités d'eau très tôt dans son histoire. À cette époque, la neige et la pluie tombaient sur la planète, créant rivières, lacs et peut-être même océans. De grands dépôts d'argile ont d'ailleurs été retrouvés (ainsi que d’autres preuves).
L’eau liquide a été abondante sur Mars pendant plus d’un milliard d’années, ce qui représente cinq fois le temps dont la Terre a eu besoin pour voir la vie apparaître dans ses eaux.
Si, en allant sur Mars, aucune preuve de vie passée n'est trouvée, cela impliquerait que l'apparition de la vie est un phénomène rare.
À l'inverse, si nous découvrons des traces de vies passées sur Mars, cela signifierait que la théorie de l'apparition de la vie suite à un processus chimique est correcte. Cette réaction en chaîne serait donc universelle, et nous ne serions pas seuls.
Je parle du passé, mais il se pourrait qu’il y ait actuellement des organismes vivants sur Mars, ou plutôt sous Mars. Les profondeurs de la planète abritent de l’eau liquide.
Si nous découvrions de la vie en creusant, nous pourrions répondre à une autre question fondamentale : Est-ce que la vie est la même partout ?
Utilise-t-elle les mêmes acides aminés ? Emploie-t-elle les mêmes méthodes de réplication de l'information comme l'ADN et l'ARN ?
Sommes-nous ce que la vie est ?
Ou bien sommes-nous un exemple de ce que la vie peut être ?
Pour le challenge
« Je pense que les civilisations sont comme les individus. Nous grandissons lorsque nous sommes mis au défi. Nous stagnons quand nous ne le sommes pas. Et un programme “Humains sur Mars” serait un défi de taille pour notre société, en particulier pour la jeunesse. Il dirait à chaque jeune : apprenez la science et vous pourrez être un explorateur, un pionnier de nouveaux mondes. » - Dr. Robert Zubrin
Le capital intellectuel global augmenterait significativement avec l’appel martien.
Vous utilisez quotidiennement des technologies issues de la conquête spatiale. Le GPS est l'exemple le plus célèbre. Mais ce n'est pas tout.
L'ordinateur de vol des capsules Apollo (AGC) est le premier ordinateur au monde à circuits intégrés. De plus, l'imagerie spatiale a contribué à l'évolution des images médicales.
Même le Téflon, qui revêt les poêles, était à l’origine un matériau destiné à protéger les satellites des chocs. Ce matériau a la particularité de laisser glisser les éléments extérieurs.
La liste est longue, et elle continue de s’allonger.
Rendre notre espèce multiplanétaire est un défi qui marquerait le début d'une nouvelle ère.
Pour le futur
« Je pense que la race humaine n'a pas d'avenir si elle ne va pas dans l'espace. » - Stephen Hawking
La vie est à la fois résiliente et fragile. Une pandémie, une guerre nucléaire, ou un astéroïde pourraient faire disparaître notre civilisation en un clin d'œil. N'oublions pas que la forme de vie dominante sur Terre a disparu il y a 66 millions d'années. Pour se prévenir d'une possible extinction dans le cas où la Terre ne serait plus habitable, Mars semble être le candidat idéal pour sauvegarder notre espèce.
Et puis, il y a cette idée de terraformer Mars pour la rendre vivable.
« Vous voulez vous réveiller le matin en pensant que l'avenir sera formidable, et c'est ce qu'est une civilisation spatiale. Il s'agit de croire en l'avenir et de penser qu’il sera meilleur que le passé. Je ne vois rien de plus excitant que d'aller là-bas et d'être parmi les étoiles. » - Elon Musk
Si nous posons la première pierre d’une espèce multiplanétaire, alors de nouvelles branches de la civilisation humaine se créeront d’ici 500 ans. Robert Zubrin nous propose une analogie.
Retournons 500 ans en arrière.
Que s’est-il passé en 1492 ?
Avez-vous pensé à l’arrivée de Christophe Colomb en Amérique ?
Vous avez raison. Mais ce n’est pas la seule chose qui s’est passée cette année-là.
En 1492, Lorenzo di Piero de' Medici, l’un des hommes les plus riches et influent du monde mourut. En 1492, le royaume de France et celui d’Angleterre signèrent un traité de paix, le Traité d’Étaples. En 1492, Rodrigo Borgia devint pape sous le nom d’Alexandre VI.
S'il y avait eu un journal télévisé à l'époque, ce sont ces événements qui auraient fait les gros titres, et non l'arrivée d'un bateau au milieu de nulle part. Pourtant, nous nous souvenons de Christophe Colomb.
Maintenant, imaginez le monde dans 500 ans.
Les gens ne se souviendront probablement pas de qui était le président des États-Unis, ou de qui a remporté le 100 mètres aux Jeux Olympiques.
Les gens se souviendront de ce que nous faisons pour rendre leur civilisation possible.
Une fois sur Mars, à quoi ressembleraient les 10 000 premiers jours ?
Voilà un scénario possible :
Conclusion
Que ce soit pour la science, pour le challenge ou pour le futur, aller sur Mars est une étape importante pour notre espèce.
Il est vrai qu'il y a des problèmes urgents à résoudre sur Terre. Mais choisir ne devrait pas être une option. Il est de notre responsabilité de se demander comment aller vers l’avant, sans avoir à se résigner face à la souffrance, ni à renoncer au progrès.
« C'est la chose la plus importante que nous puissions faire en ce moment. Et si vous avez en votre pouvoir de faire quelque chose de grand, d'important et de merveilleux, alors vous devriez le faire. » - Robert Zubrin