Marcher 7 jours dans le Sahara

Une expérience introspective en Mauritanie.
Temps de lecture estimée :
5
min
Publié le
30/9/2024
Ulysse marche dans le sahara

Pendant 7 jours, j’ai marché dans le Sahara avec les Maures.

Nous étions coupés du monde, sans internet, face à l’immensité du désert.

Dans ce film, vous ferez la rencontre de :

  • Mohamed, le plus ancien guide de la région
  • Moma, un chamelier plein de surprises
  • Le Bat, un cuisinier inépuisable
  • Abdul, un hôte atypique
  • Un vieux sage
  • Laurence
  • Eliott

Une expérience introspective

Je suis un habitué de l’introspection. Depuis quelques années, j'interroge chaque aspect de ma vie, quotidiennement, dans le but de mener une vie intentionnelle. J'ai même créé un atelier d’introspection pour trouver sa voie.

Cette fois, entre le sable et le silence, je suis allé au plus profond de mon être, à la rencontre d’un autre moi, plus sincère. J’ai passé sept jours à réfléchir sur la vie que je voulais vraiment mener.

Le Sahara donne l’impression d'un lieu où le temps s’écoule autrement, ni plus lentement, ni plus rapidement, mais différemment. Les nomades qui peuplent ces terres sableuses ont une relation unique avec le temps. Quand j’ai demandé à Mohamed comment ils se repèrent dans le temps, il a répondu : “Vous avez la montre, nous, on a le temps”.

Ils vivent sans penser au lendemain.

Chaque jour, la même routine s’installe :

  • Petit-déjeuner
  • Boire le thé
  • Défaire le camp
  • Charger les chameaux
  • Marcher
  • Décharger les chameaux
  • Boire le thé
  • Déjeuner
  • Boire le thé
  • Faire la sieste
  • Charger les chameaux
  • Marcher
  • Décharger les chameaux
  • Monter le camp
  • Boire le thé
  • Dîner
  • Boire le thé
  • Dormir
  • Recommencer

Ce cycle donne l’impression d’une journée sans fin. Petit à petit, l’esprit se libère. On oublie ce que l’on s’impose de faire. On se recentre sur soi. On marche, apaisé.

Dans une économie de l’attention, le désert est l’un des derniers bastions de l’ennui.

dunes du sahara
Oui, j’ai pris cette photo avec mon téléphone.

Marcher dans le désert

Marcher dans le désert est le plus beau cadeau que vous puissiez vous faire.

Personnellement, je suis parti avec Expe3, une agence de voyage immersive.

Vous trouverez sur leur site deux expériences en Mauritanie :

  1. Une expédition de 8 jours dans le Sahara (celle que j’ai vécue)
  2. Une expédition de 22 jours dans le Sahara (plus ambitieuse)
Dans ces contrées, les dromadaires sont nommés chameaux de bât.

Le thé

À chaque halte dans le désert, nous préparions du thé, la boisson nationale de la Mauritanie. Il se savoure en trois étapes, avec de la mousse.

Chaque verre est rempli jusqu'au tiers de sa capacité. Certes, il serait plus efficace de servir un grand verre plutôt que trois petits remplis, mais c'est la tradition !

Ici, le thé se déguste avec de la menthe et du sucre. Celui qui le prépare doit bien estimer le rythme de la conversation pour que le thé se termine au même moment que les discussions. C'est tout un art !

Thé dans le sahara
Vous reprendrez bien un petit thé ?

Chinguetti

Chinguetti était le point de départ et d'arrivée de notre expédition. Connu comme “la ville des bibliothèques”, elle fut fondé à la fin du XIIIe siècle. Autrefois, ce lieu était un carrefour caravanier transsaharien essentiel entre l'Afrique du Nord et l'Afrique sub-saharienne. Il est dit qu'un jour, une caravane de 32 000 chameaux quitta Chinguetti chargée de sel.

Du XVIe au XVIIIe siècle, c'était la plus grande métropole culturelle de la région. Les Mauritaniens la considèrent même comme la septième ville sainte de l'islam.

Selon la légende, les premières traces de la ville remonteraient à l'an 777. À cette époque, elle était connue sous le nom d' « Aber ». Les vestiges de ce passé mystérieux sont enfouis sous les dunes de sable.

Aujourd'hui, Chinguetti est divisée en deux : la vieille ville, presque désertée, et la nouvelle ville où résident les locaux. Dans l'ancienne ville, j’ai rencontré un vieux sage qui garde une bibliothèque. Vous le découvrirez à la fin du film.

Il nous a raconté des histoires et montré quelques anciens livres (Coran, recueil de poèmes, et même un Bescherelle de l'époque). J'y ai même trouvé un exemplaire de l'Odyssée. Cela témoigne de l'influence d'Homère dans le monde !

Chinguetti
La mosquée de l’ancienne Chinguetti.

Le gavage

À Chinguetti, nous étions hébergés chez Abdul. Un soir, il m’a partagé une histoire surprenante. À 18 ans, il a épousé une jeune fille qu'il croyait âgée de 25 ans. Plus tard, il a découvert qu'elle n'était en réalité qu'une enfant de 12 ans.

Mes yeux se sont écarquillés. Je lui ai demandé comment ce détail a pu lui échapper. Il m'a alors parlé de la pratique du gavage.

Son mariage était arrangé avec une famille nomade de la région de l'Adrar.

Bien qu'elle y soit de plus en plus rare, la pratique du gavage y persiste encore. L'objectif est d'engraisser au maximum les jeunes filles avant de les marier.

Il y a trois raisons à cela :

  1. Être obèse est un signe de beauté.
  2. Être obèse est un signe de richesse.
  3. Être obèse rend tout kidnapping plus difficile.

Non, ce n'est pas une blague. Jadis, il était fréquent que de jeunes nomades soient kidnappées pour obtenir des rançons. Plus la fille est grosse et lourde, plus il est ardu de la transporter sur un chameau. Il existe même un proverbe maure qui dit que la femme occupe dans le cœur une place équivalente à son volume.

La décision de gaver une jeune fille est généralement prise par sa mère (ou sa grand-mère). Ces filles sont alors contraintes de boire du lait, jusqu'à 10 litres par jour, et de consommer du couscous en abondance. Si elles résistent, elles sont battues ou pincées.

Aujourd'hui, Abdul a réalisé la cruauté de cette pratique et a décidé d'agir à travers le théâtre. Chaque année, il se rend dans le désert, auprès des nomades, pour jouer des pièces qui véhiculent des messages de sensibilisation, notamment contre le gavage.

Laisser du temps au temps

Je me rappelle une émission à laquelle j'avais été invité à Paris. À mon arrivée, le programme avait pris une heure de retard, ce qui avait mis l'équipe dans l'embarras.

Lorsqu'ils m'ont expliqué la situation, j'ai simplement répondu : “Ne vous inquiétez pas, j'ai le temps”. On m'a regardé comme un extra-terrestre avant de me dire : “Toi, tu n'es pas de Paris”.

De nos jours, être débordé est souvent perçu comme un symbole de réussite. Nous nous efforçons sans cesse de rester occupés, d'enchaîner les rendez-vous, pour paraître importants. Ainsi, nous finissons par dire sans arrêt : “Je n'ai pas le temps”.

Je refuse de me conformer à ce modèle. Pour moi, la réussite signifie avoir le temps de réaliser mes rêves, sans me précipiter. Je crois que l'on devient véritablement libre lorsque plus personne ne peut acheter notre temps.

Maure dans le désert du Sahara
Qui a le temps, a la vie.
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